De Constantinople à Istanbul

Publié le 5 Novembre 2013

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Basilique Sainte-Sophie

 

Aborder Istanbul c’est partir à la découverte de deux grandes périodes de l’histoire de l’art: la période byzantine correspondant aux règnes des empereurs byzantins du IVe siècle au XVe siècle et la période ottomane qui s’épanouit au XVIe et XVIIe siècle et se prolonge jusqu'au début du XXe siècle.

 

La ville byzantine et romaine:

 

Ville stratégique à l’entrée de la Mer Noire, Byzance, l’Istanbul des grecs de la haute antiquité, contrôlait le commerce entre les rives de la mer Noire , le débouché de la Volga et les royaumes du bassin méditerranéen. Tous les bateaux qui empruntaient la route du Bosphore trouvaient dans la Corne d’Or un port naturel, un refuge sur le long périple qu’ils entreprenaient. Cette position stratégique à la fois militaire et commerciale sera choisie par Constantin pour devenir la deuxième Rome en 330 après J.-C.. La ville, devenue capitale, s’est alors considérablement agrandie. De nombreux monuments seront construits à cette époque dont La Basilique Sainte-Sophie, le stade, le forum.

 

L’art dit Byzantin trouve son apogée durant cette période qui voit l’Empire d’Orient résister avec succès aux invasions barbares du Nord et à la poussée islamique au Sud. Contrairement à l’Empire romain d’Occident qui déclinera rapidement sous la poussée des invasions la civilisation byzantine s’épanouira pendant plusieurs siècles et influencera tout l‘est du bassin méditerranéen.

 

Le centre d’Istanbul c’est édifié et densifié au cours de cette période qui va du IVe au XVe siècle. Pendant 1000 ans les empereurs et l’aristocratie de Constantinople vont embellir la cité.

 

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La basilique Sainte-Sophie:

 

Sainte-Sophie est l'un des monuments les plus représentatifs de la grandeur de la civilisation byzantine. Elle fut construite à la demande de l'empereur Justinien, à l'emplacement même d'une ancienne basilique. Anthémius de Tralles et Isidore de Milet furent choisis par l'empereur pour édifier ce qui sera, pendant plusieurs siècles, l'un des plus grands bâtiments du monde et l'une des plus grandes coupoles jamais édifiées.

 

Le bâtiment de plan centré en croix grecque offre un volume intérieur immense. Construite en seulement 5 ans (532-537), la structure de la basilique est une véritable prouesse technique, témoignage d'une très grande maîtrise de la part des architectes.

 

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Sa conception reprend des principes constructifs déjà utilisés par les architectes romains : la coupole, dont le cercle de la base est parfaitement lisible depuis l'intérieur de la basilique, repose sur quatre pendentifs concaves qui libèrent l'anneau bas de la coupole et accentuent la perspective, donnant l'impression que le toit de l'édifice flotte dans le ciel.

 

Les pendentifs sont repris par quatre piliers massifs contrebutés par des demi-coupoles, seulement sur deux côtés, source de désordre ultérieur.

 

Église du saint Sauveur in Chora :

 

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Saint-Sauveur-in-Chora est l'une des plus belles églises d’Istanbul. Elle fut construite à l'Ouest du centre, non loin des anciennes murailles de l'antique Byzance. Sa valeur artistique est liée à la profusion des mosaïques et des fresques qui couvrent les murs, les voûtes et les coupoles de l'église. A l'origine, lors de sa construction au Ve siècle, l'église était hors des murs de la cité, Chora signifiant dans les champs.

 

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Elle fut reconstruite au XIe siècle à la demande de Maria Ducaina, belle-mère de l'empereur Alexis Ier Commène, sous la forme d'un plan en croix caractéristique du renouveau architectural byzantin. La décoration intérieure fut exécutée plus tard, entre 1315 et 1321, sous l'impulsion de l'homme d'état Théodore Métochitès.

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Dans le centre de la ville au détour d’une rue, les vestiges de la ville de Constantin sont nombreux: l'Hippodrome, l'Aqueduc de Valens, les Églises justiniennes de Sainte Sophie, Sainte Irène, L'Église de la Petite Sainte Sophie (ancienne Église des Saints Serge et Bacchus), et le Monastère du Pantocrator fondé par l'Impératrice Irène sous le règne de Jean II Comnène.

 

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Citerne sous le centre ville.

 

A cette période faste succédera pour l’empire une période de recul constant marqué par la prise de la ville et son pillage lors de la croisade de 1204. L’empire disloqué, la civilisation byzantine vivra ses dernières heures en résistant aux invasions turcs jusqu’à sa chute en 1453.

 

La ville ottomane:

 

Constantinople devient en 1453 Istanbul, capitale de l’empire Ottoman, retrouvant ainsi les fastes d’antan. La ville est au centre de l’empire, les constructions se multiplient. Cette période voit l’art ottoman atteindre son apogée. La ville se couvre de monuments et rayonne sur l’ensemble du monde musulman et une grande partie de l’Europe de l’Est passée sous la coupe des Ottomans. Cette période faste couvre les XVIe et XVIIe siècles.

 

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Mosquée Bleue

Le palais de Topkapi:

 

Après la conquête de la ville, Mehmed II fit édifier le palais sur la « pointe du Sérail » qui donne à la fois sur la Corne d’Or et la mer de Marmara à l’emplacement de l’ancienne acropole de la ville grecque. C’est Soliman le Magnifique au XVIe siècle qui lui donnera son aspect actuel. L’ensemble reste une accumulation de constructions sans véritable ordonnancement, ce qui fait son charme. A l’instar des forts d’Agra et de Delhi, le palais est une succession de bâtiments organisés autour de cours traversées par de nombreux passages et donnant sur de splendides jardins. Les vues sur la mer et le Bosphore sont superbes.

 

La Mosquée de Süleymaniye

 

Soliman le Magnifique fit construire entre 1550 et 1557 par l’architecte Sinan le complexe urbain et religieux de la Mosquée Süleymaniye. Cet ensemble constitué de la mosquée, d’une école coranique, d’un hôpital, de bains publics, d’un hospice et de nombreux collèges et magasins est un lieu unique dans la ville.

 

La mosquée est l’une des plus belles œuvre de Sinan. Le volume intérieur, particulièrement harmonieux, les proportions de l’édifice, sa silhouette dans la ville font de ce monument un lieu incontournable.

 

Sinan pose dans cet édifice les principes de l'architecture des mosquées ottomanes, ils sont simples et inspirés en partie par l'architecture byzantine: plan centré, édification d'immenses coupoles qui libèrent l'espace de prière, position des minarets aux quatre angles des édifices, décoration somptueuse des espaces intérieurs.

 

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La Mosquée Bleue

 

La Mosquée Bleue d'Istanbul, ou Sultanahmet Camii, est le pendant de la Basilique Sainte-Sophie qui lui fait face. Elle est l'œuvre de Sedefhar Mehmet Aga et fut bâtie entre 1609 et 1616 à la demande du Sultan Ahmet Ier. L'œuvre est un manifeste de la puissance et de la créativité des ottomans face aux vestiges de la civilisation byzantine. La mosquée est construite sur un plan similaire à la basilique Sainte-Sophie et selon les principes établis par Sinan.

 

L'habitat vernaculaire autour des principaux monuments religieux dans les quartiers de Süleymanye et de Zeyrek reste un témoignage exceptionnel de la vieille ville ottomane. Se perdre dans le dédale des rues en admirant les maisons en bois est l’un des délices de la ville. On se perd facilement dans les rues, mais on finit toujours par retrouver l’immense bazar, véritable ville dans la ville.

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 Mosquée Rusten Pacha

 

Turquie Istanbul Bazar (5)

Istanbul le bazar

Pendant la période ottomane Istanbul s’agrandit. Les multiples peuples de l’empire s’installent dans la ville, son économie prospère jusqu’au XIXe siècle. Le lent déclin de l’empire jusqu’à la première guerre mondiale laisse la place en 1920 à une Turquie moderne dynamique menée par Mustapha Kemal. La capitale se déplace sur les hauts plateaux anatoliens à Ankara, mais Istanbul reste une ville cosmopolite dont le rayonnement économique et le pouvoir de séduction reste toujours constant. Même si la population grecque a été contrainte à l’exil, la ville continue à brasser les peuples. Aujourd’hui la ville est devenue une agglomération tentaculaire dépassant les 10 millions d’habitants qui se développe très rapidement de part et d’autre du Bosphore. Les constructions contemporaines foisonnent mais le centre historique reste à l’abri de ce développement souvent anarchique.

 

Texte et Photos: Lankaart (c)

Rédigé par rafael

Publié dans #ART et HISTOIRE, #HISTOIRE

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