Odilon Redon - Huymans
Publié le 20 Juin 2016
« On eût dit d’un dessin de primitif, d’un vague Albert Dürer, composé par un cerveau enfumé d’opium; mais bien qu’il aimat la finesse des détails et l’imposante allure de cette planche , des Esseintes s’arrêtait plus particulièrement devant les autres cadres qui ornaient la pièce.
Ceux-là étaient signés :Odilon Redon.
Ils renfermaient dans leurs baguettes de poirier brut, liseré d’or, des apparitions inconcevables: une tête d’un style mérovingien, posée sur une coupe; un homme barbu, tenant tout à la fois du bonze et de l’orateur de réunion publique, touchant du doigt un boulet de canon colossal; une épouvantable araignée logeant au milieu de son corps une face humaine; puis des fusains partaient plus loin encore dans l’effroi du rêve tourmenté par la congestion. Ici c’était un énorme dé à jouer où clignait une paupière triste; des mouvements de sol, des soulèvements volcaniques accrochant des nuées en révolte, des ciels stagnants et livides; parfois même les sujets semblaient empruntés au cauchemar de la science, remonter aux temps préhistoriques; une flore monstrueuse s’épanouissait sur les roches; partout des blocs erratiques, des boues glacières, des personnages dont le type simien, les épais maxillaires, les arcades des sourcils en avant, le front fuyant, le sommet aplati du crâne, rappelaient la tête ancestrale, la tête de la première période quaternaire, de l’homme encore frugivore et dénué de parole, contemporain du mammouth, du rhinocéros aux narines cloisonnées et du grand ours. Ces dessins étaient en dehors de tout; ils sautaient, pour la plupart, par dessus les bornes de la peinture, innovaient un fantastique très spécial, un fantastique de maladie et de délire.
Et, en effet, tels de ces visages, mangés par des yeux immenses, par des yeux fous; tels de ces corps grandis outre mesure ou déformés comme au travers d’une carafe, évoquaient dans la mémoire de des Esseintes des souvenirs de fièvre typhoïde, des souvenirs restés quand même des nuits brûlantes, des affreuses visions de son enfance.
Pris d’un indéfinissable malaise, devant ces dessins, comme devant certains « Proverbes » de Goya qu’ils rappelaient; comme au sortir aussi d’une lecture d’Egar Poe dont Odilon Redon semblait avoir transposé, dans un art différent, les mirages d’hallucination et les effets de peur, il se frottait les yeux et contemplait une rayonnante figure qui du milieu de ces planches agitées, se levait sereine et calme, une figure de la Mélancolie, assise, devant le disque d’un soleil, sur des rochers, dans une pose accablée et morne
Par enchantement, les ténèbres se dissipaient; une tristesse charmante, une désolation en quelque sorte alanguie, coulaient dans ses pensées, et il méditait longuement devant cette œuvre qui mettait avec ses points de gouache, semés dans le crayon gras, une clarté de vert d’eau et d’or pâle, parmi la noirceur ininterrompue de ces fusains et de ces estampes. »
Huysmans
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