Château de Chinon

Publié le 5 Juillet 2017

Château de Chinon - Tour de l'Horloge - Photos: Lankaart (c)

Château de Chinon - Tour de l'Horloge - Photos: Lankaart (c)

Le château de Chinon occupe un site, en surplomb de la Vienne, habité depuis la plus haute antiquité. A la fin de l’empire romain le promontoire est fortifié et devient un castrum qui deviendra une forteresse aux époques mérovingienne et carolingienne. Au Xe siècle la forteresse appartient aux comtes de Blois qui contrôlent une grande partie de la Touraine.  Thibaud Ier fait édifier la première tour en pierre de la forteresse en 954. Au XIe siècle, les comtes d’Anjou menacent fortement la puissance des comtes de Blois. Ils s’emparent de la Touraine en 1044 : la Forteresse de Chinon est cédée à Geoffroy Martel. Il meurt sans enfant en 1060. Son neveu Foulques IV lui succède. Il réussit à rétablir peu à peu son autorité sur ses vassaux particulièrement indisciplinés. A sa mort en 1109 l’Anjou atteint à peu près sa configuration définitive. Ses puissants voisins sont le roi de France, le duc d’Aquitaine et le duc de Normandie. C’est à Foulques IV que l’on doit l’achèvement de la nouvelle enceinte de la Forteresse.

Au XIIe siècle l’Anjou, par le jeu des alliances et des mariages, fait partie intégrante de l’empire Plantagenêt qui s’étend sur une grande partie de la France (Normandie, Anjou, Aquitaine), l’Angleterre et l’Ecosse.  La forteresse de Chinon constitue l’un des points de défense les plus importants de l’empire. Henri II Plantagenêt y entrepose une partie de son trésor royal et y fait construire le palais du fort Saint-Georges.

Adossée au rempart sud du château du Milieu, la tour du Trésor date de cette époque elle abrite le trésor royal essentiellement constitué de chartes et de documents. Aujourd’hui encore la tour abrite trois salles voûtées surmontées par une terrasse. La salle centrale est éclairée par deux petites fenêtres côté sud. Elle a pu servir de salle de garde ou de bureau et devait être remplie de coffres et d’armoires. Elle est flanquée de deux petites pièces latérales pourvues d’archères qui permettaient d’assurer la défense de la tour en cas de siège.

La tour du Moulin date également de cette époque. Elle est protégée par un mur périphérique en partie basse : une chemise. La salle du rez-de-chaussée est couverte par une voûte angevine. Cette voûte bombée est très rare dans les châteaux, plus répandue dans les églises. Trois archères s’ouvrent sous les arcs de la voûte. Ce sont des postes de tirs qui permettent de protéger le pied de la tour. Le rez-de-chaussée de la tour ne communique pas avec le premier étage, uniquement accessible depuis le chemin de ronde. Il présente quatre archères à niche. Le deuxième étage était largement ouvert sur l’extérieur avec ses six baies en plein cintre avec coussièges. Il était accessible par un escalier ménagé dans l’épaisseur du mur. Celui-ci, pourvu d’une archère, commandait l’accès à la terrasse sommitale.

En 1189 Henri II meurt dans la forteresse ; il sera enterré à l’abbaye de Fontevraud. Son fils Richard Cœur de Lion lui succède

 

Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)
Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)
Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)
Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)
Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)
Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)
Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)

Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)

Dès 1200, Jean Sans Terre, frère de Richard Cœur de Lion, a conscience de l’importance stratégique de Chinon, il prépare la Forteresse à la guerre.

 

Il fait construire la tour de l’Horloge, « nouvelle » entrée fortifiée du château du Milieu. Cette tour-porte est ménagée dans une tour longue et étroite à l’extrémité semi-circulaire. Située en retrait du rempart, elle est défendue côté est par trois archères. La porte d’entrée s’ouvre dans l’une de ces archères et débouche sur un escalier droit. La tour était également accessible par le chemin de ronde.
La tour connaît par la suite plusieurs campagnes de modifications. Au XIIIe siècle, une herse est installée. A la fin du XIVe siècle, la tour est rehaussée pour accueillir une cloche à son sommet et atteindre sa hauteur actuelle. Un escalier à vis est alors créé pour desservir les cinq niveaux que compte désormais la tour.

 

Après la prise de la Normandie, le roi de France Philippe Auguste part à la conquête de la Touraine. A l’automne 1204, les armées du roi mettent le siège devant la Forteresse. Hubert du Bourg est connétable de Chinon depuis 1203 et soutient le siège contre Philippe Auguste jusqu’en 1205. C’est un grand chef de guerre qui a pu jouer un rôle actif dans la conception de la défense de la Forteresse de Chinon. Malgré cela, Philippe Auguste prend le château le 23 juin 1205, après un siège de neuf mois.

 

Au lendemain de sa victoire, Philippe Auguste doit réactiver les capacités défensives de la Forteresse très affaiblie par le siège. Il y fait construire une grande tour circulaire, la tour du Coudray. C’est une tour de guet, la plus haute du château, et l’élément d’une porte qui verrouille le fort du Coudray, avec double herse et pont-levis. Cette tour défensive haute de trois niveaux est pourvue d’archères, de cheminées et de latrines. Elle contrôle le fossé qui la sépare du château du Milieu. On y accède par l’étage, et la porte est protégée par un assommoir. Ces dispositifs sont modernes pour l’époque, et sont le signe de l’attention portée par le pouvoir royal à Chinon.

 

La tour des Chiens sera construite à la même époque, c’est une tour en forme de fer à cheval. La tour comporte trois niveaux surmontés par une terrasse, accessible depuis le chemin de ronde. Les archères de cette tour défensive sont décalées d’un niveau à l’autre pour assurer une défense efficace et pour éviter de fragiliser les maçonneries.


Cette tour doit son nom au chenil situé à proximité qui abritait les meutes royales au XVe siècle. A cette époque, fours à pain et latrines sont établis à côté de la tour des Chiens. Il pourrait s’agir des équipements nécessaires à la vie de l’hôtel du roi Charles VII (paneterie, logements pour le personnel…).

 

La tour de Boissy est édifiée à la fin du XIIIe ou au début XIVe siècle. Elle tire son nom des gouverneurs de la Forteresse de Chinon au XVIe siècle. Haute d’une trentaine de mètres et de construction très soignée, elle présente un plan polygonal. La voûte d’ogive du premier niveau, particulièrement élancée et élégante, présente des culots sculptés. La tour est surmontée par une terrasse reliée à la tour du Coudray par un chemin de ronde. Au départ, l’accès n’était possible que par cette terrasse sommitale depuis laquelle on redescendait vers le premier niveau. Celui-ci n’était alors percé que d’archères. Au XVe siècle, une porte munie d’un petit pont-levis à flèche est installée pour relier la tour aux logis royaux.

 

Entre juin et août 1308, la Forteresse de Chinon est le théâtre d’un événement important de l’histoire de l’ordre du Temple. Cet épisode s’inscrit dans le cadre d’une lutte de pouvoir entre le roi de France Philippe le Bel et le pape Clément V. Plusieurs mois après avoir ordonné l’arrestation de tous ses membres, Philippe le Bel accepte d’envoyer soixante-quinze templiers devant le pape à Poitiers. Mais, en cours de route, le roi fait retenir à la Forteresse de Chinon les quatre dignitaires de l’ordre, dont le grand maître Jacques de Molay, dans le but de faire capoter toute tentative d’absolution par le souverain pontife. Le pape décide alors d’envoyer, à la Forteresse de Chinon, trois cardinaux chargés d’interroger les dignitaires afin de les réintégrer au sein de l’église catholique. Le parchemin de Chinon est l’acte authentique qui résulte de cette entrevue.

 

Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)
Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)
Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)

Château de Chinon - Photos: Lankaart (c)

Vers 1370, le duc Louis 1er d’Anjou entreprend la construction des logis. De cet ensemble, il ne nous reste plus que l’aile sud, qui abritait un auditoire à son extrémité. Au temps de Charles VII, l’ensemble prend sa configuration définitive de trois ailes autour d’une cour. L’auditoire devient la grande salle du château, plus connue sous le nom de « salle de la Reconnaissance ». Le reste de l’aile sud était occupé par les appartements de Charles VII et son épouse Marie d’Anjou, logés au premier étage. On y trouve l’essentiel : une chambre de parement et une chambre à coucher, les cabinets et lieux d’aisance. Les pièces de service et la salle à manger sont au rez-de-chaussée. La reine, principale occupante pendant plus de 25 ans (1435-1461), y fera faire de nombreux aménagements. En 1429, Charle VII réside à la forteresse de Chinon, c’est là qu’il rencontre Jeanne d’Arc.

En 1477, le roi Louis XI confie la Forteresse de Chinon à Philippe de Commynes, seigneur d’Argenton. Celui-ci renforce l’angle nord-ouest du château du Milieu en construisant une tour capable de résister aux nouvelles armes à poudre. Ses murs font cinq mètres d’épaisseur et des canonnières sont percées jusqu’au niveau le plus bas, à hauteur des fossés. Sa terrasse sommitale est quant à elle située de plain-pied avec la cour du château du Milieu : cette tour moins haute que les autres est aussi moins fragile. La tour est aménagée en prison au XVIIe siècle, comme en témoignent les graffiti qui subsistent sur les murs.

A partir du XVIIe siècle, la Forteresse de Chinon est dépourvue de rôle stratégique, elle est abandonnée au profit de châteaux plus modernes. En 1824, malgré la dangerosité du site, le parc de la Forteresse est aménagé en promenade publique. Le circuit est agrémenté d’une pépinière de mûriers, un parterre est installé à l’emplacement de la grande salle des logis en ruine. En 1840, la Forteresse est classée Monument Historique, mais les ruines restent dangereuses, et en 1854 la municipalité demande la démolition des bâtiments. L’intervention de Prosper Mérimée sera décisive et marquera le début des travaux de restauration.

 

Textes: Lankaart, www.forteressechinon.f

 

Rédigé par rafael

Publié dans #GOTHIQUE

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