Delacroix - Aspasie

Publié le 24 Janvier 2018

Delacroix - Aspasie

Delacroix - Aspasie

Delacroix semble avoir éprouvé un penchant particulier pour cette œuvre restée dans son atelier jusqu’à sa mort et jamais exposée de son vivant. L’identité du modèle reste encore de nos jours une énigme. Le 4 octobre 1857, le peintre mentionne cette toile ainsi dans son journal:
« Pour Aspasie jusqu’à la ceinture grande comme nature, voir un bon croquis dans un album du temps ».
Le titre donné par l’artiste, Aspasie, est identique à celui des deux toiles conservées dans une collection particulière en Suisse et qui sont souvent confondues avec le tableau de Montpellier. On connait également, sous le titre de Étude pour Aspasie, un
dessin préparatoire au tableau. Il s’agit vraisemblablement du même personnage qui pose également pour La Mort de Sardanapale.

Au XIXe siècle, plusieurs modèles noirs sont connus à Paris. La physionomie du personnage de Delacroix renvoie au type physique de certaines femmes de l’Inde ou des Antilles, arrivées en France lors des guerres coloniales et de la révolution haïtienne (1801-1803). En peignant Aspasie, « Delacroix bouleverse la notion de l’idéal féminin alors que la beauté sombre est à l’époque un thème uniquement littéraire ». Ainsi ce tableau exprime l’idée chère au Romantisme de vouloir se perdre dans l’étranger: l’idée du rêve, de voyages exotiques à travers une nouvelle image de la féminité, abandonnée aux charmes de la sensualité. L’artiste qui cède à maintes reprises aux charmes de ses modèles montre la femme portant un corsage blanc qui dévoile une poitrine généreuse et la patine de bronze de sa peau. Ses cheveux noirs se déversent sur ses épaules; alors qu’un de ses bras semble retenir la chemise, la main droite reposant délicatement sur sa jupe rayée étalée sur ses genoux. Ici s’opposent l’art classique et cette recherche de la couleur par les effets de matière. Le peintre oublie le lissé et le dégradé. On lit sur le travail de la chair, « sabrée de touches juxtaposées », aux teintes roses, bleues et mauves, le mélange optique qui sera le propre des Impressionnistes, cinquante ans plus tard.

Musée Fabre

Rédigé par rafael

Publié dans #ROMANTISME ET NEOGOTHIQUE

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