Courbet - Les Baigneuses

Publié le 4 Février 2018

Courbet - Les Baigneuses - Musée Fabre Montpellier - 1853

Courbet - Les Baigneuses - Musée Fabre Montpellier - 1853

Les Baigneuses est un tableau peint par Gustave Courbet en 1853. L'œuvre fait scandale au Salon de 1853 par son caractère résolument provocateur, Courbet ayant décidé de se démarquer de la production officielle par ses envois, dont cette œuvre. Le tableau est unanimement attaqué par la critique, pour la nature négligée de la scène, le caractère massif du nu en opposition avec les canons officiels. Acheté par le collectionneur et ami de Courbet Alfred Bruyas, cet achat permet à l'artiste de devenir indépendant financièrement et artistiquement.

Wikipedia

Ce grand tableau, que Courbet présente au salon de 1853 avec Les lutteurs et La fileuse endormie, reprend le thème classique des baigneuses mais d’une manière si personnelle et provocatrice qu’il lui valut un scandale sans précédent. En effet la baigneuse, qui a toujours représenté en peinture l’idéal féminin (Diane, Vénus ou Suzanne), est figurée par Courbet en bourgeoise plantureuse, les pieds sales, les bas avachis, sans fards. Par ailleurs, la monumentalité du format, jusque-là réservée aux genres nobles, peinture d’histoire ou religieuse, en accentue l’aspect provocateur. La gestuelle affectée se révèle elle-même ambiguë, faisant dire à Delacroix:

« la vulgarité des formes ne serait rien, c’est la vulgarité et l’inutilité de la pensée qui sont abominables… ».

En dépit de toutes ces critiques, Alfred Bruyas, avide de modernité, se fit un devoir d’acquérir ce tableau manifeste:

« Voici l’art libre, cette toile m’appartient » aurait-il dit.

Ce fut à cette occasion qu’il rencontra Courbet et que se noua l’amitié si féconde entre l’artiste et le mécène montpelliérain. Au-delà du scandale, les motivations de Courbet laissent encore place aux interprétations. Lui-même disait :

« le tableau des Baigneuses représente une phase curieuse de ma vie, c’est l’ironie ».

Le tableau ne se résume pas à une sulfureuse caricature destinée à provoquer le bourgeois. II témoigne aussi du grand lyrisme de Courbet envers la nature, exprimé dans les obscures frondaisons et les solides rochers de sa FrancheComté natale, nécessaires motifs de ressourcement, tout comme dans les voluptueux corps de femme auxquels il voue un culte amoureux durant toute sa carrière.
À la grande liberté d'exécution des rochers, travaillés au couteau, répond en effet son talent incomparable à peindre la chair. Une capacité célébrée par Zola lorsqu'il écrivait à propos de Courbet,

« il se sentait entraîné par toute sa chair, par toute sa chair entendez-vous, vers le monde matériel qui l'entourait, les femmes grasses et les hommes puissants, les campagnes plantureuses et largement fécondes. Trapu, vigoureux, il avait l'âpre dessein de serrer entre ses bras la nature vraie ; il voulait peindre en pleine viande et en plein terreau… »

Musée Fabre

La Baigneuse est une satire de la bourgeoisie : « Oui, la voilà bien cette bourgeoisie charnue et cossue, déformée par la graisse et le luxe ; en qui la mollesse et la masse étouffent l’idéal, et prédestinée à mourir de poltronnerie, quand ce n’est pas de gras fondu ; la voilà telle que sa sottise, son égoïsme et sa cuisine nous la font. »

Proudhon

Rédigé par rafael

Publié dans #NATURALISME et IMPRESSIONISME

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