Temple des rois Shutrukkides
Publié le 13 Septembre 2013
Musée du louvre Paris
Ces panneaux de briques moulées étaient destinés à décorer la façade du temple extérieur, sur la colline de Suse. Elles datent du milieu du XIIe siècle av. JC. Ce monument, voué au culte royal de la dynastie des Shutrukkides, a été commandité par les rois de cette même dynastie. L'oeuvre, commencée par Kuthir-Nahunté, fut menée à bien par Shilhak-Inshushinak. Des hommes-taureaux protégeant un palmier alternent avec des déesses Lama, elles-mêmes considérées comme des divinités protectrices.
Le roi Shilhak-Inshushinak fit reconstruire les deux grands temples de Suse. Le temple haut situé sur l'Acropole, était voué à Inshushinak, grand dieu de la plaine de Susiane. Le sanctuaire extérieur, bâti sur le tell de l'Apadana, où Darius, six siècles plus tard, fera construire son palais, était principalement destiné au culte royal de la dynastie à laquelle appartenait ce roi, celle des Shutrukkides. Ces panneaux de briques moulées décorent la façade de ce monument et contiennent des inscriptions gravées à mi-hauteur qui nous informent sur les circonstances de cette construction. En fait, Kutir-Nahunté, le frère de Shilhak-Inshushinak, avait ordonné la construction de l'édifice et sa décoration en forme de briques moulées ; il mourut, cependant, avant d'avoir pu réaliser ce projet. Shilhak-Inshushinak le reprit et le mena à bien.
Un groupe constitué d'un homme-taureau protégeant un palmier alterne avec une déesse Lama. L'homme-taureau, traditionnel gardien de porte dans les temples, allie le génie humain et la force du puissant bovidé. Son appartenance au monde divin est soulignée ici par le port d'une tiare à plusieurs rangs de cornes. Dans la mythologie mésopotamienne, ce personnage est l'acolyte du dieu-soleil, Shamash. Associé au palmier stylisé, il rappelle le rôle primordial du soleil sur la végétation. Le palmier-dattier acquiert une dimension majeure dans la mythologie mésopotamienne, qui est une importante source d'inspiration de la pensée iranienne. L'arbre fruitier, producteur de dattes, symbolise le monde végétal dans son ensemble : dans un paysage de plaines, où les revenus agricoles sont primordiaux, la végétation est au centre des préoccupations humaines. Les fines palmes de l'arbre font penser aux rayons de l'astre qui les réchauffe. La déesse Lama, également considérée comme un être protecteur, garde les effigies de la famille royale. La divinité demeure figée, les bras levés, dans l'attitude caractéristique de la bénédiction. Ainsi, les fidèles étaient accueillis par des figures rassurantes, chargées de garantir la sérénité de la demeure divine et de la chapelle dynastique.
Les briques en terre cuite sont moulées. Ce type de décor architectural a déjà été utilisé en Mésopotamie, à Uruk, à l'époque kassite, sur la façade du temple dédié à la déesse Inanna. La technique de fabrication de ce décor, ainsi que les personnages représentés, montrent la forte influence exercée par la culture mésopotamienne sur la région voisine qu'est l'Élam. Quelques détails iconographiques sont toutefois iraniens, tels les deux traits figurant les genoux des hommes-taureaux, ainsi que les inscriptions en écriture élamite.
Source: Musée du Louvre
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