Stéphane Mallarmé - Renouveau

Publié le 20 Septembre 2013

                      

Renouveau


Le printemps maladif a chassé tristement

L’hiver, saison de l’art serein, l’hiver lucide,

Et, dans mon être à qui le sang morne préside

L’impuissance s’étire en un long bâillement.


Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne

Qu’un cercle de fer serre ainsi qu’un vieux tombeau

Et triste, j’erre après un rêve vague et beau,

Par les champs où la sève immense se pavane


Puis je tombe énervé de parfums d’arbres, las,

Et creusant de ma face une fosse à mon rêve,

Mordant la terre chaude où poussent les lilas,


J’attends, en m’abîmant que mon ennui s’élève…

- Cependant l’Azur rit sur la haie et l’éveil

De tant d’oiseaux en fleur gazouillant au soleil.

 
Stéphane Mallarmé

 

De son vrai nom Étienne Mallarmé, Stéphane Mallarmé naquit le 18 mars 1842, à Paris. Orphelin de mère, enfant sensible et solitaire, il fut placé dans diverses pensions.

L’essentiel de l’existence de Mallarmé réside en vérité dans son expérience poétique et spirituelle.
Influencé par Théophile Gautier mais plus encore par Charles Baudelaire et par Edgar Poe, Mallarmé commença très jeune à écrire des poèmes dans l’ombre des parnassiens. Ceux qu’il envoya en 1866 au Parnasse contemporain furent tous acceptés!; parmi eux, «l’Azur».

 

Son poème l’Après-midi d’un faune ayant été refusé par Lemerre en 1874, Mallarmé se consacra à des travaux littéraires. Peu à peu, son œuvre poétique est reconnue, notamment grâce à Paul Verlaine et ses Poètes maudits (1883) et grâce à Joris-Karl Huysmans (avec À rebours, 1884), à qui en retour le poète rendit hommage avec Prose pour Des Esseintes en 1885. Mallarmé commença alors à être connu dans un milieu restreint.

Une grande partie des textes de Mallarmé fut publiée après sa mort.

L’érotisme de sa poésie restait marqué par ces deux femmes absentes, donc idéalisées et inaccessibles : il évoqua d’une part les jeunes filles chastes, farouches, intangibles mais nues et désirables (c’est la chasteté d’une Hérodiade), et il peignit par ailleurs des amantes sous des traits maternels.

Peu à peu, cependant, «en creusant le vers», Mallarmé se dégagea de cette sensualité originelle pour prendre une direction sans précédent. Son œuvre est en effet la première qui rompt toute attache avec l’expérience humaine pour devenir expérimentation sur la littérature. Mallarmé souhaite égarer son lecteur par le jeu des coupes, des inversions, des rejets, par la complexité de la construction et la rareté du vocabulaire (utilisé pour son sens étymologique plus que pour son sens actuel), cela afin de l’engager dans l’obscurité sacrée d’un poème qu’il ne peut éclairer qu’à condition de le reconstruire. Mallarmé souhaite faire du vers «un mot total, neuf, étranger à la langue et comme incantatoire!» qui «!rémunère le défaut de la langue».

Rédigé par rafael

Publié dans #NATURALISME et IMPRESSIONISME

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