Robert Capa
Publié le 2 Décembre 2010
Hongrois, immigré, Endre Friedmann se jeta dans la photographie de reportage avec un talent, un brio, un courage qui ont fait de lui le père de tous les photojournalistes. En 1931, alors qu'il avait tout juste dix-sept ans, Endre fut arrêté en raison de sa participation aux activités hostiles au gouvernement conservateur de l'amiral Miklós Horthy.
C'est la guerre d'Espagne qui permit à Capa, et dans une moindre mesure, à Gerda Taro, d'émerger comme photoreporters. La guerre avait éclaté le 17 juillet 1936. Dès le 5 août, Capa et Taro, envoyés par Lucien Vogel, rédacteur en chef de Vu, arrivèrent à Barcelone et commencèrent à photographier les combats, Capa avec un Leica et Taro avec un Rolleiflex. Dans l'esprit des jeunes gens, ces appareils photographiques n'étaient pas seulement un gagne-pain, mais une arme, afin d'obtenir l'appui international à la cause républicaine. À la gare de Barcelone, ils photographièrent les soldats partant pour le front d'Aragon, se séparant de leurs femmes ou de leurs fiancées. Ils se dirigèrent ensuite vers Huesca et Saragosse, région où servaient dans les milices beaucoup de réfugiés allemands, ce qui facilitait les échanges.
Vint la Seconde Guerre mondiale. Triplement suspect comme juif, émigré d'Europe centrale et connu pour ses activités de gauche, Capa s'enfuit de Paris en octobre 1939 pour rejoindre sa famille à New York. Après la déclaration de guerre, on lui interdit, en tant que ressortissant d'un pays ennemi, de s'éloigner à plus de dix miles du district de New York et il n'avait plus le droit de faire des photographies mais il réussit à obtenir une accréditation de l'armée américaine. Il couvrit les opérations d'Afrique du Nord, et la libération de l'Italie dont il a laissé des images particulièrement poignantes, notamment celles des obsèques d'écoliers napolitains
Pour couvrir les opérations du Débarquement en Normandie, six photographes de Life furent accrédités. Par ordre alphabétique, Robert Capa, Bob Landry, Ralph Morse, George Rodger, David Scherman et Frank Scherschel. Capa, qui était d'un tempérament joueur (mais ne misait jamais sur le bon cheval) opta pour la compagnie E, lors de la première vague. Il fut le premier à débarquer avec la première vague du 116e à Omaha, dans un secteur dénommé Easy Red, et réussit à saisir l'événement sur le vif. Mais par une erreur de manipulation au laboratoire, sur quatre bobines, trois furent détruites. Sur la quatrième seules onze images furent utilisables. En raison de leur grain (peut-être accentué par l'accident survenu au développement) elles sont les plus bouleversantes images de guerre jamais prises. Le jour J est resté à jamais gravé dans la mémoire collective grâce à ces photographies. Il couvrit ensuite la campagne de Belgique et la chute du Troisième Reich.
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En avril 1954, Capa fut invité pour trois mois au Japon, comme hôte du Manaichi Shimbun, pour contribuer au lancement d'une nouvelle revue photographique. Life lui demanda de prendre pendant un mois, en Indochine, la place d'un collègue américain. Il accepta, malgré les objurgations de quelques amis. Capa, accablé de problèmes divers (il avait pris du poids, souffrait du dos, et surtout, comme toujours, avait besoin d'argent), voulait prouver qu'il était encore le meilleur photographe de guerre. Il était prisonnier de sa légende.
Pour qui connaît la fin de l'histoire, il est impossible de ne pas déceler, rétroactivement, quelque chose de prémonitoire dans les dernières images de Capa : ces femmes en pleurs dans un cimetière, ce panneau indiquant la direction de Thai Binh, où il allait tomber, ces soldats vus de dos s'éloignant dans les herbes.
Le 25 mai, il suivait, en compagnie de deux Américains, un convoi de soldats français occupés à évacuer, dans le delta du fleuve Rouge, après la capitulation de Diên Biên Phû, deux fortins désormais indéfendables. C'est là qu'il trouva la mort en sautant sur une mine, un appareil photographique dans chaque main. Les Français lui décernèrent les honneurs militaires à Hanoï.
Au-delà d'un immense photographe de guerre, Robert Capa fut un photoreporter dans le sens le plus large de ce terme, capable de saisir avec un égal talent l'émotion, le drame ou la joie, et de jeter sur le monde qui l'entourait un regard non dénué d'humour mais toujours bienveillant.
Source:
http://expositions.bnf.fr/capa/arret/1/index.htm
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