Picasso - Apollinaire arlequin

Publié le 10 Mars 2011

Picasso arlequin et sa compagne

 

"On a dit de Picasso que ses œuvres témoignaient d'un désenchantement précoce.

 

Je pense le contraire.

 

Tout l'enchante et son talent incontestable me paraît au service d'une fantaisie qui mêle justement le délicieux et l'horrible, l'abject et le délicat.

 

Son naturalisme amoureux de précision se double de ce mystcisme qui en Espagne gît au fond des âmes les moins religieuses. On sait que Castelar portait un chapelet dans sa poche et si Picasso est peu religieux (ce que je pense) il a dû réserver, je gage, un culte de dulie raffiné envers sainte Thérèse ou saint Isidore.

 

A Rome, au moment du Carnaval, il y a des masques (Arlequin, Colombine, ou cuoca francese) qui le matin, après une orgie terminée parfois par un meutre, vont à Saint-Pierre baiser l'orteil usé de satue du prince des apôtres.

 

Voilà des êtres qui enchanteraient Picasso

 

Sous les oripeaux éclatants de ses saltimbanques sveltes, on sent vraiment des jeunes gens du peuple, versatiles, rusés, adroits, pauvres et menteurs.

 

Ses mères crispent des mains fines comme en ont souvent les jeunes mères de la classe populaire et ses femmes nues sont écussonnées de la toison que dédaignent les peintres traditionnels et qui est le bouclier de la pudeur occidentale."

 

Guillaume Apolinaire, La Revue immoraliste.

 

 

Rédigé par rafael

Publié dans #ART MODERNE

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