Monet - Nympheas
Publié le 9 Septembre 2010
Musée de l'Orangerie, Paris, 1920-1926
Monet créé à Giverny un étang artificiel, « modèle réduit » de l’univers et source d’inspiration du peintre pendant de nombreuses années. Une grande partie du travail de Monet durant sa vie artistique fut orienté vers la représentation de la lumière et de ses variations, que l’on retrouve dans la série sur la Cathédrale de Rouen ou ses vues de la Tamise à Londres. Ici à Giverny, le spectacle des jeux de la lumière sur l’eau ouvre tout un champ d’expérimentation au peintre.
A partir de 1893, Monet se consacre à l’expression de l’invisible ce « beau désordre livré à l’action de la lumière », cette fusion entre le ciel, l’eau et les végétaux. La fragilité des moments saisie, l’évanescence de l’instant sont rendus par des touches colorées créant des vibrations chromatiques dans la plus pur tradition de la peinture impressionniste. Monet joue également sur des contrastes entre les différentes tonalités (couleurs complémentaires, chaud/froid, valeurs…) la composition d’ensemble plonge le spectateur dans l’univers pictural des Nymphéas, pas de recul, aucune composition d’ensemble, pas d’effet de perspectives ou de profondeur, le format très large, le rendu des détails et des ambiances font de ces tableaux des perceptions direct de l’instant à la limite entre l’abstraction lyrique et les derniers instants du mouvement impressionniste.
Elles affirment la volonté de Monet de produire une peinture décorative destinée à immerger physiquement le spectateur dans un espace pictural unique :
«Un tout sans fin, une onde sans horizon et sans rivage» (Monet).
Un ami fasciné, Georges Clemenceau:
«Voir, n’était-ce pas comprendre ? Et, pour voir, rien que d’apprendre à regarder. Regarder au dehors, au dedans, regarder de toutes parts, pour exalter les sensations de l’homme dans tous les frémissements de l’univers. L’eau buvait la lumière, et la transposait, la sublimait au plus vif, avant de la retourner aux sensibilités rétiniennes étonnées de réactions inconnues. Là gît, à proprement dire, le miracle des Nymphéas qui nous représente l’ordre des choses autrement que, jusqu’ici, nous ne l’avons observé. Rapports nouveaux, lumières nouvelles. Aspects toujours changeants d’un univers qui s’ignore, et cependant s’exprime en nos sensations. Nous admettre à des émotions inconnues jusque-là, n’est-ce pas obtenir de l’Infini muet de nouveaux états d’assimilation ? N’est-ce pas pénétrer plus avant dans le monde lui-même, dans le monde impénétrable ? Voilà ce qu’a découvert Monet en regardant le ciel dans l’eau de son jardin. Et voilà ce qu’à notre tour, il prétend nous révéler.»
Extrait de Claude Monet, Georges Clemenceau, 1928.
La célèbre série de Monet consacrée à la Cathédrale de Rouen sous différentes lumières fut effectuée en 1893 depuis la fenêtre du 2ième étage d'une boutique en face de la cathédrale. Il fit 18 vues frontales. Changeant de canevas selon la lumière, Monet suivait les heures de la journée, depuis le petit matin avec la façade en bleu ombré de brouillard, à l'après-midi , quand le soleil disparaissant derrière les constructions de la ville, transformait l'oeuvre de pierre érodée par le temps en […]
Claude Monet a présenté à la troisième exposition impressionniste en avril 1877 sept versions de La Gare Saint-Lazare. Il a choisi le thème du progrès technique très en vogue alors. Émile Zola viendra d'ailleurs à l'exposition impressionniste s'inspirer de l'atmosphère que dégage les tableaux pour écrire La bête humaine. Pour Paris c'était l'époque haussmannienne et pour la gare Saint-Lazare celle de l'ingénieur Eugène Flachat qui réalisa le pont de l'Europe et l'agrandissement de la gare […]