La table claudienne

Publié le 9 Novembre 2013

" La Table claudienne reproduit dans le bronze un discours que l’empereur Claude, né à Lyon, prononça en l’an 48 devant le Sénat de Rome. Les notables des Trois Gaules réclamant des droits égaux à ceux des citoyens romains, Claude intervint en leur faveur devant l’aristocratie romaine jalouse de ses privilèges.. La Table a été découverte en 1528, sur les pentes de la colline de la Croix-Rousse, ce qui constitue un argument fort pour localiser le sanctuaire dans ce secteur. On imagine en effet que le discours prononcé par Claude en faveur des Gaulois avait été affiché là où se réunissait l’assemblée fédérale ".

 

 

Texte en Français:

"Certes je vois déjà que tout le monde va avoir cette pensée et me l’objecter d’abord ; aussi, je vous supplie de ne pas vous scandaliser de cette proposition comme si elle était révolutionnaire, mais de penser plutôt au nombre d’institutions qui ont été réformées dans notre cité - et ceci dès les débuts de notre Ville – ainsi qu’aux configurations et aux constitutions par lesquelles on a fait passer notre Etat.

 

Autrefois les rois contrôlèrent notre Ville, sans qu’il leur fût possible pour autant de la transmettre à des héritiers de leur Maison. Vinrent alors des étrangers , parfois des immigrés ; ainsi, Numa a succédé à Romulus, il venait de chez les Sabins, donc un voisin certes, mais, à cette époque, un immigré ; ainsi à Ancus Marcius a succédé Tarquin l’Ancien. Celui-ci était de sang mêlé, parce qu’il avait pour père un Corinthien, Démarathus et pour mère une dame de Tarquinies, noble mais ruinée, si bien qu’elle avait dû se donner à un tel mari ; c’est pourquoi leur fils était en son pays exclu de toute carrière politique ; c’est après qu’il eut migré à Rome qu’il obtint le trône. Entre celui-ci et son fils ou petit-fils – car ceci aussi fait l’objet de divergences entre les sources, s’inséra Servius Tullius, fils de la captive Ocrésia, si nous suivons les sources romaines ; si nous suivons les sources étrusques, il fut autrefois l’affidé très fidèle de Vivenna et le compagnon de toute son aventure . Chassé par les caprices de la fortune, il quitta l’Etrurie avec tous les débris de l’armée de Caelius, puis il occupa la colline qu’il ne cessa d’appeler " Caelius ", du nom de son chef. Lui-même, par un changement de nom – car son nom ,en étrusque, était Mastarna, il se fit appeler comme nous l’avons dit plus haut, et il obtint le trône , pour le plus grand bien de l’Etat. Ensuite, quand le comportement de Tarquin le Superbe commença à être odieux à notre cité, tant le sien que celui de ses fils, tout naturellement, le dégoût pour la royauté submergea les esprits, et c’est aux consuls, magistrats élus pour un an que l’administration de l’Etat fut transférée.

 

Ai-je besoin maintenant de rappeler le pouvoir de la dictature, plus fort même que celui des consuls, que l’on trouve chez nos aïeux , pour servir dans les guerres exceptionnellement dures ou un trouble social exceptionnellement difficile ? ou bien encore la création des tribuns de la plèbe, comme recours pour la plèbe ? Ai-je besoin de rappeler le transfert du pouvoir exécutif des consuls aux décemvirs, et, après la dissolution de la royauté décemvirale, son retour aux consuls, par le mouvement inverse ? Ai-je besoin de rappeler le partage du pouvoir consulaire entre un plus grand nombre de magistrats , appelés " tribuns des soldats à pouvoir consulaire ", qui étaient nommés par six et souvent par huit ? Ai-je besoin de rappeler la participation de la plèbe, enfin, non seulement aux charges publiques mais aussi aux sacerdoces ? Maintenant, si je racontais les guerres par lesquelles nos aïeux ont commencé, et jusqu’à quel point nous avons progressé, je paraîtrais, je le crains, bien trop orgueilleux et désireux d’étaler la gloire de l’Empire dont les frontières ont été jetées par delà l’Océan. Mais revenons plutôt à notre sujet. La cité…

 

peut. Certes on introduisit un usage nouveau : tant le divin Auguste, mon grand-oncle maternel, que mon oncle paternel Tibère César voulurent que siégeât dans notre Curie l’élite des colonies et des municipes, où qu’ils fussent, assurément une élite d’hommes de valeur et fortunés. Comment donc ? un sénateur d’Italie n’est donc pas préférable à un sénateur venu d’une province ? Dans un instant, quand je commencerai à défendre cette partie de mon action de censeur, je vous montrerai concrètement mon sentiment à ce sujet. Mais je ne crois pas qu’il faille rejeter, même s’ils viennent d’une province, des hommes qui pourraient faire honneur à la Curie.

 

Voici la très honorable et très puissante colonie des Viennois : qu’il y a déjà longtemps qu’elle fournit des sénateurs à notre Curie ! C’est de cette colonie que vient un homme qui honore, comme peu le font, l’ordre équestre : L.Vestinus. Je l’aime comme l’être le plus cher de ma maison et , en ce moment même, je le garde au soin de mes affaires. Que ses enfants bénéficient, je le demande, du premier grade dans les sacerdoces, ce qui les destinera, par la suite , à progresser dans cette dignité . Laissez-moi taire le nom funeste d’un brigand , car je le hais, ce prodige de palestre, qui a amené le consulat dans sa Maison, avant que sa cité eût obtenu le bénéfice complet de la citoyenneté romaine. Je peux en dire de même de son frère, qui, lui, est à plaindre et ne mérite pas du tout ce sort : il ne peut vous rendre service comme sénateur.

 

Il est temps maintenant, Tibère César Germanicus, de dévoiler aux Pères Conscrits où veut en venir ton discours : maintenant, en effet, tu es parvenu aux confins extrêmes de la Gaule Narbonnaise.

 

Voici ces insignes jeunes hommes, aussi nombreux que mon regard peut les embrasser : nous n’avons pas plus à regretter de les voir sénateurs que de voir Persicus, un homme de haut lignage, mon ami, lire , parmi les imagines de ses aïeux , le nom d’Allobrogique. Et si vous admettez qu’il en est ainsi, qu’attendez-vous de plus ? que je vous je vous montre du doigt les sénateurs que le territoire même d’au-delà la Narbonnaise vous envoie déjà : aujourd’hui, nous n’avons pas à regretter d’avoir au sein de notre ordre sénatorial des hommes venus de Lyon ? Certes, c’est à petits pas, Pères Conscrits, que j’ai franchi les limites habituelles et familières des provinces ; mais il me faut maintenant plaider ouvertement la cause de la Gaule Chevelue. En ce qui la concerne, celui qui veut faire observer que , pendant une guerre de dix ans , elle a mis à l’épreuve le Divin Iulius, celui-là doit aussi mettre en balance sa fidélité immuable de cent ans et son obéissance plus qu’éprouvée à travers tant de crises alarmantes pour nos intérêts. Quand mon père Drusus soumettait la Germanie, ce sont eux qui lui assurèrent, sur ses arrières, la sécurité d’une paix garantie par leur tranquillité, et cela, alors même que la guerre l’avait appelé à interrompre le recensement, procédure alors nouvelle et inhabituelle pour des Gaulois. Et cette procédure, nous n’en savons que trop maintenant, par expérience, combien elle est ardue pour nous, alors qui ne cherchons à obtenir rien de plus que la connaissance officielle de nos ressources…"

 

Source: http://www.musees-gallo-romains.com/fourviere/collection/virtuelle1.html

 

Rédigé par rafael

Publié dans #ROME ANTIQUITE

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