Delacroix - La mort de Sardanapale
Publié le 1 Septembre 2013
Musée du Louvre, Paris
Sardanapale est un roi légendaire de Ninive en Assyrie qui aurait vécu de 661 à 631 av. J.-C. Il serait une mythologisation d'Assurbanipal, un roi très cultivé, peu belliqueux. L'autre possibilté est que Sardanapale soit le frère d'Assurbanipal, que ce dernier avait chargé de gouverner Babylone. Sardanapale avait ensuite intrigué contre Assurbanipal, ce qui avait poussé celui-ci à faire le siège de Babylone pour le punir (650-648). Lorsque Sardanapale sentit la défaite approcher, il décida de mourir avec toutes ses femmes et ses chevaux et d'incendier son palais.
La scène représentée par Delacroix raconte l’épisode dramatique de la mort du souverain, dont la capitale est assiégée sans aucun espoir de délivrance et qui décide de se suicider en compagnie de ses esclaves et de ses favorites, après avoir brûlé sa ville pour empêcher l'ennemi de profiter de son bien. Delacroix éprouva le besoin de fournir quelques explications lorsque la toile fut exposée la première fois :
« Les révoltés l’assiégèrent dans son palais... Couché sur un lit superbe, au sommet d’un immense bûcher, Sardanapale donne l’ordre à ses eunuques et aux officiers du palais d’égorger ses femmes, ses pages, jusqu’à ses chevaux et ses chiens favoris ; aucun des objets qui avaient servi à ses plaisirs ne devait lui survivre. »
Le poète anglais Lord Byron, l'un des écrivains phare du romantisme, avait publié en 1821 en Angleterre un drame — Sardanapalus — traduit en France dès 1822. Certains historiens pensent que Delacroix y aurait puisé son inspiration. Le poème raconte la fin tragique de ce roi légendaire d’Assyrie, qui, voyant le pouvoir lui échapper à la suite d’une conspiration, choisit, lorsqu'il se rendit compte que sa défaite était inéluctable, de se jeter en compagnie de sa favorite, Myrrha, une esclave ionienne, dans les flammes d’un gigantesque bûcher. Si Delacroix semble bien avoir repris la trame générale du drame de Byron — on reconnaît Myrrha dans la femme à demi allongée sur le lit aux pieds du monarque — il semble en revanche avoir emprunté l’holocauste des femmes, des chevaux et du trésor à un autre auteur, antique cette fois, Diodore de Sicile, qui, dans sa Bibliothèque historique, raconte une scène analogue : « Pour ne pas se retrouver prisonnier de l’ennemi, il fit installer dans son palais un gigantesque bûcher sur lequel il plaça son or, son argent et tous ses habits de monarque ; s’enfermant avec ses femmes et ses eunuques dans un espace aménagé au milieu du bûcher, il se laissa ainsi brûler avec ses gens et son palais. »
L’œuvre fut exposée au Salon de 1827, salon où Ingres exposa L'Apothéose d'Homère. Elle fut beaucoup plus mal accueillie que Scènes des massacres de Scio (1824) exposée deux ans plus tôt, qui avait déjà fait scandale et promu Delacroix au rang de chef de file de l'école romantique en peinture. Face à l’œuvre d’Ingres, La Mort de Sardanapale provoqua un nouveau scandale et fut rejetée par la majorité des critiques. Victor Hugo, une nouvelle fois clairvoyant, fut un des seuls à ne pas condamner la démesure exprimée par Delacroix, son rejet du Beau, et la cruauté de la scène contemplée par un tyran esthète à mille lieues des exemples néoclassiques de vertu.
La composition, violente comme l’événement, est proche des tableaux des peintres anglais Turner, William Etty ou John Martin par le sujet, le décor architectural, la facture et la tension dramatiques, l’effet de lumière théâtral et les gestes d’effroi. Elle étonne aussi par l’audace du plan tronqué vu en contre-plongée, l’effet de lumière et de notes claires et fraîches qui exhaussent le cœur de l’action. Le faisceau des flammes du bûcher la traverse en diagonale du bas à droite vers le haut à gauche, modèle les corps en proie à un spasme sensuel en passant graduellement des rouges profonds aux roses nacrés sur lesquels se détachent la chair laiteuse des torses et le blanc cru du drapé du roi.
La ville brûle au loin et le palais semble emporté dans un flot furieux où se perd toute notion de hiérarchie, de genre, d’espèce et de rang. N’obéissant plus à aucune logique, maîtres, soldats, esclaves, femmes, hommes, animaux, corps, objets, attitudes, mouvements, matières, la vie, la mort, s’enchevêtrent dans un magma pathétique. Ces êtres que le refus orgueilleux du reniement jette brutalement dans la fournaise, rappellent certains personnages bibliques, les groupes de figures de La Vie d’Alexandre de Charles le Brun ou le massacre des princes dans Les funérailles de Patrocle de Jacques Louis David.
Opposées à l’immobilité du maître, pareilles à celles de Corrège ou de Rubens, convulsées d’horreur, les femmes se donnent la mort avant d’être égorgées par officiers et esclaves. Au pied du roi, gît Myrrha, le dos nu, la tête et les bras écartés sur le lit ; en face d’elle, un garde s’apprête à tuer de son épée une esclave aux épaules dénudées. A droite à la base du faisceau où s’accordent des tons riches, sourds et raffinés, en écho au couple royal, un garde tue une esclave, la plus voluptueuse, nacrée et dorée, pareille aux néréides de Rubens de la galerie Médicis du Louvre.
Source: site du Musée du Louvre, Wikipédia
Delacroix - Aquarelle Maroc - La chasse au lion - LANKAART
Le voyage que Delacroix a effectué en Afrique du Nord de fin janvier à juillet 1832 est primordial pour sa technique et son esthétique. Il en rapporte sept carnets constituant le journal de son ...
http://www.lankaart.org/article-delacroix-aquarelle-maroc-la-chasse-au-lion-67524919.html
Dante Gabriel Rossetti - Proserpine - LANKAART
Proserpine (1874) (model: Jane Morris) (c) Visipix.com Dante Gabriel Rossetti (12 mai 1828 à Londres - 18 avril 1882 à Birchington-on-Sea, Kent) est un peintre, poète et écrivain britannique, f...
http://www.lankaart.org/article-dante-gabriel-rossetti-proserpine-67530079.html