Delacroix - Dernières paroles de Marc-Aurèle - Baudelaire

Publié le 5 Juillet 2012

Delacroix - Dernières paroles de Marc-Aurèle

Delacroix - Dernières paroles de Marc-Aurèle

 

" Marc-Aurèle lègue son fils aux stoïciens. – Il est à moitié nu et mourant, et présente le jeune Commode, jeune, rose, mou et voluptueux et qui a l’air de s’ennuyer, à ses sévères amis groupés autour de lui dans des attitudes désolées.

Tableau splendide, magnifique, sublime, incompris. – Un critique connu a fait au peintre un grand éloge d’avoir placé Commode, c'est-à-dire l’avenir, dans la lumière ; les stoïciens, c'est-à-dire le passé, dans l’ombre ; - que d’esprit ! Excepté deux figures dans la demi-teinte, tous les personnages ont leur portion de lumière. (…)

Nous sommes ici en plein Delacroix, c’est-à-dire que nous avons devant les yeux l’un des spécimens les plus complets de ce que peut le génie dans la peinture.

Cette couleur est d’une science incomparable, il n’y a pas une seule faute, - et, néanmoins, ce ne sont que tours de force – tours de force invisible à l’œil inattentif, car l’harmonie est sourde et profonde ; la couleur, loin de perdre son originalité cruelle dans cette science, nouvelle et plus complète, est toujours sanguinaire et terrible. – Cette pondération du vert et du rouge plaît à notre âme. M. Delacroix a même introduit dans ce tableau, à ce que nous croyons du moins, quelques tons dont il n’avait pas encore l’usage habituel. – Ils se font bien valoir les uns les autres. – Le fond est aussi sérieux qu’il le fallait pour un pareil sujet. (…) "

 

Baudelaire, Salon de 1846.

 

 

Rédigé par rafael

Publié dans #ROMANTISME ET NEOGOTHIQUE

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article