Chine - Céramiques et Porcelaines

Publié le 10 Juillet 2012


 

Vase Song Londres British Museum 

 

I. La période des Song (Xe-XIIIe siècle)


La dynastie Song se divise en deux périodes distinctes : les Song du Nord et les Song du Sud. Les Song du Nord (960-1127) correspondent à la période pendant laquelle la capitale était située dans la ville de Kaifeng, au nord ; la dynastie contrôlait alors toute la Chine. Les Song du Sud (1127-1279) correspondent à celle ou les Song ont perdu le contrôle de la Chine du nord au profit de la dynastie jurchen des Jin. C'est à ce moment que la capitale fut établie au sud du Yangzi Jiang, dans la ville de Hangzhou.

Les créations de cette époque sont les véritables « classiques » de la céramique chinoise et sans doute représentent-elles la plus parfaite réussite de tous les temps. Sous les Song, les céramistes sortent définitivement de l’ombre. Désormais, leurs créations, sont accueillies par l’élite chinoise comme des œuvres de haute qualité. Les céladon sont, de toutes les productions Song, les plus universellement réputées.

 

A l’époque Song, les fours Yaozhou fournissaient surtout des céladons. Les pièces provenant de ces fours sont reconnaissables à leur couleur verte caractéristique. Epais et onctueux, ce vert olivâtre semblait avoir un toucher presque gras. La profondeur du vert de ces objets et leur surface lisse faisait penser au jade. La plupart des pièces est ornée de motifs gravés ou en léger relief sous la couverte : fleurs de lotus ou de pivoines, pétales, poissons parmi les vagues. Enfin certains céladons portent des taches brunes ferrugineuses d’un bel effet décoratif.


Céramique Song Londres British Museum 1 (187)
 

 

Très prisés par les amateurs de thé, les grès de Yaozhou à couverte monochrome vert olive sont introduits à la cour impériale. D’autres fours, de la province de Longquan, donnèrent naissance à une autre série de céladon. On vit apparaître alors de nouveaux motifs et de nouvelles recettes de glaçure. L’aristocratie s’enthousiasma pour l’impressionnante clarté et la subtile texture des glaçures Longquan. D’apparence moins épaisse que les céladons de Yaozhou, les pièces de Longquan virent leur couleur s’éclaircir et tendre légèrement vers le bleu. Ces céladons paraissaient plus raffinés et plus précieux. La pureté des couleurs des glaçures ne rivalisait qu’avec la délicatesse des décors.


Avec leurs centres de production situés dans le Sud et épargnés par les guerres, les artisans du céladon purent franchir l’étape qui les mena à la production des glaçures blanchâtres.

Ainsi, avec la production des Qingbai, la couleur verte s’éclaircit encore davantage pour se fondre maintenant en un vert très pâle presque d’un blanc bleuté. Les formes et les décors quant à eux continuèrent de s’affiner jusqu’à obtenir une impression de translucidité et de luminosité exceptionnelle.


Les recherches des artisans de l’époque Song s’intensifièrent, et c’est ainsi que le premier décor émaillé fit son apparition. Cette technique permit de superposer à une couverte de « grand feu » des émaux de « petit feu » ; elle fut à l’origine de tous les développements de la porcelaine polychrome des Ming et des Qing.

 

II. La dynastie Yuan (XIIIe-XIVe siècle)
 

La dynastie Yuan a régné sur la Chine de 1271 à 1368. Elle fut fondée par l'empereur mongol Kubilai Khan qui conquit la Chine en 1279, renversant la dynastie des Song du Sud qui avait régné sur la Chine entre 960 et 1279.

 

Sous cette dynastie, la Chine est entièrement sous domination mongole, ce qui lui vaut encore de nos jours une très mauvaise image auprès du peuple et des intellectuels chinois. En effet, c'était la première fois qu'une dynastie d'origine non-Han dominait l'intégralité de l'empire ; il y en aura une seconde : la dynastie Qing fondée par les Mandchous. Ce fut le premier exemple de la force d'assimilation de la culture chinoise, à laquelle ont fini par se conformer ces deux dynasties d'origine étrangère. Les Mongols, en particulier, ne disposant pas d'écriture, ont commencé a codifier leurs lois au contact de l'empire chinois. En 1268, Sakya Pandita et son neveu Drogön Chögyal Phagpa‎ ont adapté l'écriture ouighoure et tibétaine à la langue mongole qui, jusqu'à ce moment, était une langue orale uniquement.


L’invention la plus importante de cette époque est celle du bleu et blanc qui se situe sans doute au début du XIV ème siècle. On sait quel sera son destin !


L’utilisation d’un décor peint au bleu de cobalt est un apport iranien dont le cheminement jusqu’en Extrême-Orient a été favorisé par l’unification de l’Asie sous la domination mongole.

Dans cette technique difficile du « bleu sous couverte », le décor est posé au pinceau sur la terre crue des porcelaines façonnées. Le tout est revêtu ensuite d’une couverte, qui deviendra transparente et brillante au cours de l’unique cuisson de l’objet. Le procédé sera le même tout au long des siècles suivants.


Au milieu du XIV ème siècle, le répertoire décoratif est déjà très riche. A partir des années 1330, la production de ces articles augmenta considérablement pour satisfaire la demande du marché à l’exportation. Certaines formes étaient ainsi spécifiquement conçues pour les Arabes, tels les gourdes et les grands plats. D’autres formes en revanche, tels les petites jarres, les tasses à pied et les vases, répondaient aux besoins des Chinois.

 

III. La Dynastie des Ming (XIVe - XVIIe siècle)
 

La dynastie Ming est une lignée d'empereurs qui a régné sur la Chine de 1368, date à laquelle elle remplace la dynastie Yuan, à 1644 quand elle se voit supplanter par les Qing. Par métonymie, le terme désigne aussi la durée du règne de celle-ci. Fondée par la famille des Zhu, elle compte seize empereurs.


Au milieu du XIVe siècle, après plus d'un siècle de domination mongole sous les Yuan, la population chinoise rejette le « règne des étrangers ». Une suite de révoltes paysannes repousse la dynastie Yuan dans les steppes de Mongolie et établit la dynastie Ming en 1368. Elle s'ouvre par une renaissance culturelle : les arts, particulièrement l'industrie de la porcelaine, se développent comme jamais auparavant. Les marchands chinois explorent et commercent dans tout l'océan Indien, atteignant l'Afrique lors des voyages de Zheng He ; on construit une grande flotte comprenant des navires à quatre mâts de tonnage supérieur à 1 500 tonnes.

La porcelaine à partir des Ming se caractérise par la prédominance du décor peint, traité soit en bleu ou en rouge sous couverte, soit en couleurs émaillées. Dès le début, les pièces impériales sont d’une matière techniquement parfaite. Les couvertes, un peu onduleuses, leur donnent une vibration et une vie impressionnantes.

Vases Ming Londres British Museum Vases Ming Londres British Museum (3)

 

 

Dès le XV ème siècle, les thèmes les plus classiques sont inspirés par les motifs de soierie damassées : rinceaux de lotus, animaux fabuleux, nuages, arabesques, etc. D’autres évoquent les sujets littéraires et les sujets mythologiques.


Zhu Yuangzhang, qui fut le premier empereur Ming, avait une prédilection pour la couleur rouge. Il fallut du temps aux céramistes pour maîtriser la cuisson de l’oxyde de cuivre et pour réaliser des productions faisant éclater toute la brillance du rouge sous glaçure. La cuisson devait en effet faire l’objet d’une attention soutenue pour empêcher que la couleur ne tourne au gris.

 

Vases Ming Londres British Museum (2) 

 

 

A cette époque, le rouge de cuivre sous couverte prend un essor considérable, dépassant en nombre la production de bleu de cobalt sous couverte.


Matériaux rares et artisans talentueux affluent à Jingdezhen désormais capitale incontestée de la porcelaine, où sans cesse de nouvelles expériences sont tentées. Il s’agit de combinaisons chromatiques audacieuses telles que l’association du rouge de cuivre et du bleu de cobalt, ainsi que des compositions d’émaux jaunes, verts et rouges sur couverte : les premiers doucai ou « couleurs contrastées ». Les doucai doivent leur douce harmonie au fait que les contours des motifs peints sont tracés en bleu sous couverte préalablement à la pose des émaux polychromes.


Ce sont les pièces à décor d’émaux polychromes qui expriment le mieux l’esprit novateur de cette période, qu’il s’agisse de bols à dragon émaillé vert sur fond blanc, ou encore de plats à décor floral bleu en réserve sur fond d’émail jaune.
 

Ce jaune lumineux prend désormais le pas sur le rouge cramoisi et devient la couleur impériale.

A la fin du XVII ème siècle, un terrible incendie ravage les fours de Jingdezhen. Ceux-ci ne seront reconstruits qu’en 1683. Ils seront alors sous le contrôle du gouvernement qui se servira de la porcelaine comme outil de propagande à la gloire du souverain.
 

IV.  les Qing (XVIIe-XXe siècle)
 

Vase Qing Londres 

 

La dynastie Qing d'origine mandchoue, est la dernière dynastie impériale à avoir régné sur la Chine, de 1644 à 1912. Elle a succédé à la dernière dynastie Han, la dynastie Ming. En rébellion ouverte contre les Ming dès 1616, les Mandchous prirent progressivement le pouvoir dans l'ensemble de la Chine, prenant Pékin en 1644 et instaurant un nouveau régime politique, l'Empire du Grand Qing . La Chine ne fut totalement sous leur autorité qu'en 1683.


Vases Qing Londres British Museum

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'Empire Qing connut un long déclin, affaibli par les conflits internes comme par les pressions internationales, et fut finalement renversé par la révolution Xinhai, laissant la place à la République de Chine. Le règne de la dynastie Qing prit fin le 12 février 1912, avec l'abdication du dernier empereur de Chine, Puyi, alors âgé de six ans.

 

Vases Qing Londres British MuseumVases Qing Londres British Museum (2) 


Le pays connut à nouveau une ère de prospérité sous les empereurs Kangxi (r. 1662-1722), Yongzheng (r. 1723-1735) et Qianlong (r. 1736-1795), tous trois étaient pénétrés d’idées occidentales. La ville de Jingdezhen connaît alors un essor considérable et devient une véritable cité industrielle. Au début du XVIII ème siècle, elle compte un million d’habitants et trois mille fours en activité, fours qui produisaient dix mille porcelaines impériales par an. Le règne de Kangxi est caractérisé par la vigueur des formes, des dessins et des coloris.


C’est dans cette effervescence qu’apparaît la famille verte. Le triomphe de la famille verte sous Kangxi est l’aboutissement d’une longue progression. Par la découverte d’un émail bleu, les céramistes se sont libérés du traditionnel bleu sous couverte qui décorait jusque là les porcelaines émaillées. Ces émaux multicolores sont posés sur le corps préalablement cuit sans couverte. Ils prennent des tonalités plus assourdies et se détachent sur des fonds colorés noirs, jaunes ou verts.


vases Qing vert British Museum
 

Kangxi est un scientifique passionné. Il porte un tel intérêt aux expérimentations de ses céramistes qu’il incite ces derniers à s’installer dans le palais impérial afin d’y développer une nouvelle gamme d’émaux. L’invention d’un émail rose et d’un blanc opaque à l’arsenic, associés aux émaux de la famille verte, donnera naissance à la famille rose. Sous le règne de Yongzheng, ces familles roses occupent une place de choix.


Les émaux forment une harmonie plus douce. L’émail blanc, récemment inventé, est mélangé aux autres émaux afin d’obtenir des tons pastels qui multiplient les nuances de chaque couleur. Cette nouvelle gamme de palette permit d’accentuer encore la minutie des détails. La vigueur de la famille verte laisse place à la délicatesse des coloris tendres et à la finesse des pâtes « coquille d’œuf ».

Vases Qing

 
 

Rédigé par rafael

Publié dans #CHINE

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article