Bartholomeus Spranger

Publié le 10 Octobre 2014

Bartholomäus Spranger venus

Venus

 

Bartholomeus Spranger (Anvers 1546 - Prague 1611) est un peintre, dessinateur et graveur maniériste brabançon actif à la cour pragoise de Rodolphe II. Il travailla pendant huit mois à Milan (où il apprit la technique de la détrempe), puis à Parme où, sous la direction d'un élève du Corrège, Bernardino Gatti, il exécuta des fresques pour la coupole de Santa Maria della Steccata (1566). Il participa également à la réalisation du décor de l'arc de triomphe érigé pour l'entrée de Marie de Portugal. Arrivé à Rome en 1566, il entra au service du cardinal Alexandre Farnèse, auquel il avait été présenté par le miniaturiste Giulio Clovio (1567-1569). C'est à la demande du cardinal et sous la direction de Federigo Zuccaro que Spranger exécuta des fresques de paysages au palais Farnèse de Caprarola (1570).

 

Présenté au pape Pie V par Alexandre Farnèse, il entra au service du souverain pontife (juillet 1570) pour lequel réalisa un cycle pictural sur le thème de la Passion ainsi qu'un Jugement dernier. Après la mort du pape (mai 1572), Spranger travailla pour plusieurs églises de Rome avant de se rendre -grâce à une réputation déjà établie et attestée par la recommandation prestigieuse de Jean de Bologne- à la cour viennoise de l'empereur Maximilien II (1575).

 

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Hercule et Omphale (v. 1585).

 

À la mort de Maximilien (1576), Spranger offrit ses services au nouvel empereur, Rodolphe II, qui le fit venir à Prague, où le peintre s'installa définitivement à partir de 1581. Spranger rejoignit ainsi le cercle rodolphien de Prague, où il se lia avec de nombreux artistes originaires des Pays-Bas ou d'Italie, tels qu'Adrien de Vries, Hans von Aachen ou Giuseppe Arcimboldo. Influencé par les modi de Jules Romain et les Amours des dieux de Rosso Fiorentino et de Perin del Vaga, il développa pour son puissant mécène un art raffiné privilégiant des poses complexes et des thèmes mythologiques et érotiques souvent emprunts d'allusions ésotériques et d'effets rhétoriques.

 

 

 

Le tableau intitulé Hercule et Omphale (peinture sur cuivre, v. 1585) est représentatif de l'œuvre pragoise de Spranger : il y traite un sujet mythologique avec un humour malicieux (présent dans le regard narquois et complice d'Omphale, l'attitude gauche du héros désarmé et travesti, et dans le geste railleur de l'indiscrète servante) et y élabore – selon les termes de l'historien d'Art A. Pinelli – un « double oxymoron croisé », c'est-à-dire un échange paradoxal de propriétés entre contraires, résultant non seulement du contraste évident entre le corps sombre et musclé d'Hercule d'une part et la silhouette gracieuse et diaphane de la princesse de Lydie d'autre part, mais aussi de l'inversion des attributs et des rôles effectuée aux dépens du demi-dieu. Ce jeu maniériste des contraires – que Pinelli a mis en rapport avec une figure de style employée par des écrivains italiens du XVIe siècle comme l'Arétin – se complexifie davantage si l'on confronte ce tableau avec son pendant, Vulcain et Maia : l'amour fécond de Vulcain pour Maia est ainsi opposé à l'amour stérile d'Hercule pour Omphale.

 

Bartholomaus Spranger-04-Venus---AdonisVenus et Adonis

 

 

Lié à ses compatriotes de l'académie de Haarlem, Bartholomeus Spranger (dont les œuvres ont largement été diffusées à travers l'Europe grâce aux gravures du célèbre Goltzius) a efficacement contribué à acclimater le maniérisme italien au Nord des Alpes. On peut également le considérer comme un précurseur de la peinture Baroque, annonçant – avec Frans Floris et les peintres romanistes – le génie de son compatriote Rubens.

 

Dans son Livre des Peintres (Het Schilder-Boeck, 1604), Carel van Mander rend hommage à ce « nouveau Michel-Ange », qu'il avait rencontré à Rome dans la seconde moitié des années 1570 et dont l'Art avait profondément influencé l'école de Haarlem : « La nature se montre parfois si prodigue de ses faveurs envers certains individus et leur donne de quoi arriver, comme sans effort, à briller dans une branche où tant d'autres, malgré leurs peines et leurs fatigues, n'arrivent pas à franchir les limites de la médiocrité, qu'il faut donc bien se convaincre que dans le domaine de la peinture nul ne règne si ce n'est par droit de naissance. Il me serait facile de le prouver par l'exemple de l'illustre Anversois Sprangher [sic.], lequel, dès sa tendre enfance, eut de la nature elle-même en partage couleurs et pinceaux, lui que l'aimable Pictura daigna combler de ses faveurs et prendre pour époux, lui apportant par surcroît les Grâces. »

 

Bartholomaus Spranger-05-Venus---VulcainBartholomaus Spranger Hercule-Deyanira-Nessus-1580

 

Source: Wikipedia

 

Rédigé par rafael

Publié dans #RENAISSANCE EUROPE DU NORD

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