Hendrick ter Brugghen - Saint Sébastien soigné par Irène et sa servante
Publié le 15 Avril 2020
"La composition très originale (Saint Sébastien soigné par Irène et sa servante) de ter Brugghen rompt avec la tradition qui privilégie la représentation du saint criblé de flèches ... Ter Brugghen décrit le moment où Irène de Rome et sa servante sauvent ce qui reste de vie dans un corps à l'agonie, où la mort a déjà saisi les extrémités : le pied et la main droite sont d'un marbre sépulcral, tandis que le profile aux yeux mi-clos est frappé d'un éclat froid, dans une lumière vespérale. Le corps pend misérable, il va s'affaler sur le sol. En hâte, les femmes soutiennent ce corps, extraient les flèches mortelles, délient le poing que le sang n'irrigue plus. Les trois têtes superposées, à droite, le corps inerte retenu par la main, au centre, la jambe prolongée par la flèche et l'arbre, à gauche (rythme ternaire).
Les teintes vert-de-gris du corps sont ranimées par la douceur des tons roses déclinés avec raffinement : du rose pâle du manteau d'Irène au lie-de-vin de celui de la servante en passant par le lilas. Au centre les plis savant du turban poudré d'Irène accrochent la lumière, apportant une touche précieuse au teint de son visage. La silhouette aux teintes plus sourdes de la servante, le fichu rabattu sur un visage rougi, ferme la composition. Le regard est dirigé vers ses mains, point d'orgue de l'action, pour le libérer de ses sangles.
A ces trois têtes et ces trois diagonales, font écho les trois flèches. Elles transpercent le corps livide d'où glissent un linge blanc et un brocard tissé d'or et d'écarlate. Ainsi, la tête du saint tournée vers le sol pourrait nous faire croire à sa fin. Mais le secoure des femmes, efficaces dans l'action, vient inverser le sens de lecture de l'œuvre. L'axe de leurs têtes dirigées vers le haut redresse celle du supplicié, leurs bras levés font contrepoint au corps qui s'affaisse, leurs visages illuminés déjouent les tons morbides.
On ignore le commanditaire de l'œuvre ; il pourrait s’agir d'une institution de charité dévouée aux malade de la peste qui sévit dans les Provinces-Unies vers 1600 ou d'un particulier qui la destinait à sa chapelle privée. On invoque saint Sébastien pour guérir de la peste, dont la maladie s'abat sur les hommes comme des flèches. Ter Brugghen serait mort prématurément de la peste, en 1629, cinq ans après avoir peint ce tableau, qui est considéré comme son chef-d'œuvre. Il maîtrisait avec brio les nuances douces et l'évocation de la mort, dans une dramaturgie caravagesque. "
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"Sous Dioclétien au IIIe siècle, la persécution contre les chrétiens s'intensifie et Sébastien est dénoncé par le préfet Fabien à l'empereur Dioclétien. Se sentant trahi, le souverain condamne Sébastien à être attaché à un poteau au milieu du Champ de Mars avant d'être percé de flèches par ses archers. « Couvert de pointes comme un hérisson », Sébastien est ensuite laissé pour mort et abandonné. Guéri de ses blessures, Sébastien retourne au palais impérial quelques jours plus tard. Il reproche alors à Dioclétien et à Maximien Hercule leur attitude vis-à-vis des chrétiens. Mais, loin de se repentir, les deux souverains le font battre à coup de verges, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Son corps est ensuite jeté aux égouts pour empêcher les chrétiens de le vénérer. Dès la nuit suivante, cependant, saint Sébastien apparaît à sainte Lucine, pour révéler où se trouve son corps. Sa dépouille est alors enterrée à Rome, auprès des apôtres Pierre et Paul. "
Source: Wikipédia