Juan Gris - Le petit déjeuner
Publié le 20 Mai 2019
De juin à octobre 1914, Gris séjourna à Collioure, et s’y lia avec Matisse. Kahnweiler insista par la suite sur l’importance des échanges entre les deux peintres, et sur une possible influence du cubisme de Gris sur Matisse pendant les deux ou trois années suivantes (1915-1916). Mais on peut tout aussi légitimement s’interroger, dans l’autre sens, sur la série des fenêtres peintes par Gris après ce séjour, dans le courant de l’année 1915, série à laquelle appartient Le Petit Déjeuner (cat. rais. n° 149). Certes Gris avait déjà abordé ce thème auparavant, lors d’un passage à Céret en 1913 notamment. Mais il reprend ensuite avec une véritable insistance le motif matissien par excellence du passage opéré par la fenêtre ouverte, entre l’espace intérieur et l’espace extérieur. Il est d’ailleurs le seul, parmi les cubistes, à avoir fait entrer ainsi l’air du dehors dans l’espace confiné de la nature morte. Dans Le Petit Déjeuner , la clarté bleue du ciel découpé par les vantaux de la fenêtre et l’intimité de la chambre (suggérée par des tons chauds, ocre du faux bois et triangle rouge profond à droite) s’interpénètrent autour d’une nature morte matinale – moulin à café, cafetière et bol, quotidien du jour posés sur une nappe blanche aux plis bien repassés. La composition se déploie en éventail, par grands plans nettement découpés, rabattus ou superposés. Précisément dessiné, chacun des objets, vu de haut, reste parfaitement reconnaissable. Gris n’est jamais allé aux extrêmes de la décomposition « analytique », et cherche à établir une architecture plus concrète, une matière picturale qui puisse rivaliser en solidité avec celle des maîtres anciens. Perpétuellement inquiet, insatisfait de ses réalisations, Gris a pourtant, à l’époque, le sentiment que ses derniers tableaux sont en progrès. Il l’écrit avec une prudente modestie à Kahnweiler, le 4 décembre 1915, quelques semaines après avoir terminé sa toile : « …je crois faire du progrès dans ma peinture. Il me semble que ça s’établit bien, que tout devient concret et précis. »
Juan Gris - Violon et verre - LANKAART
Juan Gris - Violon et verre - 1913 - Centre Pompidou - Paris "Je considère que le côté architectural de la peinture, c'est la mathématique, le côté abstrait ; je veux l'humaniser : Cézanne d...
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"Je considère que le côté architectural de la peinture, c'est la mathématique, le côté abstrait ; je veux l'humaniser : Cézanne d'une bouteille fait un cylindre, moi je pars du cylindre pour...
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