Pierre-Narcisse Guérin - Clytemnestre poussée par Égiste au meurtre d’Agamemnon

Publié le 29 Avril 2018

Pierre-Narcisse Guérin - Clytemnestre poussée par Égiste au meurtre d’Agamemnon

" Clytemnestre poussée par Égiste au meurtre d’Agamemnon n’est pas moins digne d’attention que Didon écoutant le récit d’Épée. La lumière sanglante répandue sur tous les personnages s’accorde très bien avec la scène que l’auteur a voulu représenter. La lecture d’Eschyle n’a pas été pour lui moins féconde que la lecture de Virgile. La reine adultère est très bien conçue. Son visage, sa démarche, respirent une rage homicide. Pour posséder librement l’amant qu’elle a choisi, elle a résolu d’égorger son mari ; mais sa main n’est pas aussi hardie que son cœur et tremble au moment de l’exécution. La mère d’Oreste, qui doit un jour venger le meurtre de son père, cherche dans le crime même un lien de plus pour enchaîner Égisthe. Toutes les intentions du poète sont fidèlement rendues par le peintre. Tout dans cette composition est si habilement calculé, que l’esprit n’hésite pas un instant sur le rôle assigné à chaque personnage. Il est permis de blâmer les proportions que l’auteur a données au roi d’Argon. Il faudrait en effet qu’Agamemnon fût placé assez loin d’Égisthe et de Clytemnestre pour que le spectateur pût accepter ces proportions. La reine et son amant sont dans la chambre du roi, et il semble qu’Agamemnon soit séparé de nous par une vingtaine de pas. C’est là certainement une erreur positive, mais une erreur toute matérielle, qui n’enlève rien à la grandeur de la composition. C’est une question de perspective, qu’un écolier, après six mots d’étude, pourra facilement redresser. Quant au mérite poétique de ce tableau, il faudrait, pour le contester, ne pas connaître le premier mot de la tragédie grecque. Quiconque en effet a vécu familièrement avec Eschyle, avec Sophocle, comprend toute l’élévation, toute la fidélité du tableau de Guérin. Si l’exécution n’est pas aussi savante, aussi précise qu’on pourrait le souhaiter, la physionomie et la pantomime des personnages sont de nature à contenter le goût le plus difficile. Y a-t-il aujourd’hui beaucoup de peintres dont les œuvres méritent le même éloge ? La Clytemnestre de Guérin est une composition long-temps méditée, habilement conçue, et qui tiendra toujours un rang élevé dans l’école française. "

Peintres et sculpteurs modernes de la France - Géricault
Gustave Planche
 

Rédigé par rafael

Publié dans #NEO-CLASSICISME

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