Koya-san - Cimetière - Okunoin
Publié le 29 Décembre 2017
Au IXe siècle le bonze Kukai, qui reçut le titre posthume de Kōbō Daishi, installe sa communauté religieuse dans un site reculé loin des villes de Nara et Kyoto, il choisit Koya-san situé sur un plateau à 800 m. d’altitude. Difficilement accessible le site retenu se développe au milieu d’une splendide forêt de cryptoméria, le cèdre du Japon. Il devient rapidement le principal centre du bouddhisme Shingon, plus d’une centaine de temples seront construit ainsi qu’un splendide cimetière perdu dans la forêt.
Selon la superstition de l’école bouddhique shingon, point de morts à l’Okunoin mais seulement des esprits en attente. L’histoire racontée veut qu’un jour, Kûkai (774-835), plus connu au Japon sous le patronyme de Kôbô Daishi, le fondateur de la communauté religieuse du Mont Koya, sorte de sa méditation lorsqu’arrivera Miroku, le Bouddha du futur.
Alors, toutes les âmes en transit reposant au sein de sépultures ou dont les cheveux ou cendres avaient été placés par des proches devant le mausolée de Kûkai, s’élanceraient à leur suite. En attendant l’avènement de cette prophétie apocalyptique, le nombre de tombes ne cesse d’augmenter à l’Okunoin qui en comporte déjà plus de deux cent mille et se trouve être le plus grand cimetière de l’archipel.
« Le temple du fond »
L’Okunoin, dont c’est la signification littérale, reste avant tout un lieu de recueillement. Eclipsées les milliers de tombes ! Cela, par ce seul sépulcre, pourtant inaccessible au commun des mortels. Le Gobyo renfermerait le fameux Kôbô Daishi, toujours méditant, jamais soupirant. Chaque jour, des repas sont déposés à sa porte, en soutien pour son effort, alors que moines et laïcs se recueillent en silence ou en récitant à voix basse des sutras. Libre à chacun de se représenter à sa guise le vénérable dans son exigu intérieur. Les portes, quoiqu’il arrive, restent closes.
De jour comme de nuit, bravant les nuées de moustiques en été ou les sinistres journées brumeuses, les visiteurs affluent en tout temps à l’Okunoin, particulièrement le jour de l’OBon, lorsqu'a lieu le Rôsoku matsuri et que les moines de Koyasan allument des milliers de bougies le long des sentiers. Une journée ne suffit pas pour en saisir l’étendue et plusieurs vies seraient nécessaires pour en déjouer tous les secrets. Malgré cela, sa quiétude, étrange pour un cimetière, apaise les âmes de passage. Sûrement parce que, impassible au fond de sa retraite, Kûkai veille.