Cristóbal Balenciaga

Publié le 14 Avril 2015

Cristóbal Balenciaga
クリストバル・バレンシアガ - Κριστόμπαλ Μπαλενθιάγα - Баленсиага, Кристобаль

Cristóbal Balenciaga Eizaguirre, 1895-1972, est un couturier et modiste espagnol. Il est l'un des plus grands couturiers, unanimement reconnu par ses pairs et surnommé « le maître » ou encore « le couturier des couturiers ». S'il débute bien avant la Seconde Guerre mondiale, c'est durant les années 1950 qu'il transforme totalement la silhouette féminine, la faisant évoluer pour atteindre finalement son apogée au début des années 1960. Son style classique et épuré lui vaut de compter parmi ses clientes fidèles les Reines d'Espagne et de Belgique, la Princesse Grace de Monaco et la Duchesse de Windsor. Son travail a influencé de nombreux couturiers, tels que Oscar de la Renta, André Courrèges qui travailla dans son atelier, Emanuel Ungaro et Hubert de Givenchy qu'il aida. En 1968, le couturier décide de se retirer.

Cristóbal Balenciaga

À la fin des années 1910, sûr de son talent, il ouvre sa première maison de couture à San Sebastian, sous le nom de C. Balenciaga et engage une trentaine d'ouvrières. L'année suivante, les sœurs Benita et Daniela Lizaso s'associent à lui et injectent des capitaux dans son entreprise qui portera désormais le nom de Balenciaga y Compañía. San Sebastian étant la résidence d'été de la cour d'Espagne, son talent l'amène à côtoyer et à habiller la famille royale, notamment la reine Victoria Eugenia et la reine mère Maria Cristina. Avec elles, c'est toutes les dames de la société qui deviennent clientes régulières de Balenciaga et sa renommée se consolide rapidement. Il effectue de nombreux séjours à Paris où il se fait connaître comme acheteur chez les couturiers. Il y rencontre Worth, Jeanne Lanvin, Chéruit, Paquin, Lelong et notamment Coco Chanel avec qui il va lier une étroite amitié jusqu'à la fin de sa vie.


La fin de la monarchie espagnole en 1931 signe la fin d'une époque, sa clientèle privilégiée commence à disparaître. Mais fort de son succès et déjà bien entouré, notamment par Wladzio d'Attainville, fils d'une de ses clientes, Balenciaga ouvre une seconde maison de couture à San Sebastian mais qui ferme rapidement. C'est en 1933 qu'il ouvre une maison à Madrid, rue Caballero de Gracia. Sa seconde maison ayant fait faillite, Balenciaga n'a plus le droit d'user de son nom pour ses maisons. Mais la Guerre civile de 1936 l'oblige à quitter l'Espagne et à fermer ses trois maisons de couture, existant déjà depuis presque vingt ans. Il tente dans un premier temps de se réfugier à Londres et de travailler chez Worth et chez Rouff. Mais dès juillet 1937, il s'installe à Paris et ouvre une maison au 10, avenue George-V1 sous le nom de Balenciaga, grâce à un mécène et à quelques fabricants de tissus français qui le connaissent du temps où il venait se fournir chez eux pour la cour espagnole. Il présente sa première collection parisienne en août 1937, qui remporte immédiatement un franc succès. Le Daily Express le surnommera même « le jeune Espagnol qui révolutionne la mode ». Un autre défilé deux ans plus tard, où il présente cette fois une collection inspirée du Second Empire français, remporte lui aussi un vif succès.


À la fin de la guerre en 1939, Balenciaga décide de rouvrir ses maisons espagnoles. Celle de Madrid déménage rue José Antonio, sur les recommandations de la marquise de Casa Torres et compte désormais deux-cent cinquante employés ; sa sœur en prend la direction en 1948, jusqu'à sa fermeture en 1968. Son neveu, José Balenciaga, quant à lui, dirige celle de Barcelone. Il continue d'habiller l'aristocratie espagnole mais également des personnalités. Son succès grandissant, il élargit sa maison parisienne en 1939 en rachetant les locaux de Mainbocher, mitoyens aux siens avenue George-V.

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La Seconde Guerre mondiale ne l'arrête pas, il fermera juste sa maison en juillet 1940 pour la rouvrir en septembre afin d'éviter d'être réquisitionné. Les collections qui suivent pendant cette période de restriction sont des collections réduites pour une clientèle privée, fidèle à sa mode. Il introduit l'usage de la broderie et la passementerie dans ses robes du soir durant cette période. À la fin de la guerre en 1945, il faut reconquérir le public et relancer la haute couture parisienne. Il participe donc au Théatre de la Mode, exposition itinérante, installée dans un premier temps au Pavillon de Marsan à Paris où sont mises en scène des figurines habillées par les plus grands couturiers de l'époque. L'arrivée de Christian Dior en 1947 créé un véritable raz-de-marée dans l'univers de la mode mais Balenciaga n'en est pas pénalisé pour autant, lançant sa ligne « Tonneau ». Sa réputation est déjà bien établie auprès de la presse et de ses clientes à l'international, et sa mode ne peut faire concurrence à celle de Dior, les deux styles étant très différents. Dior ira même jusqu'à appeler Balenciaga « notre maître à tous ».


André Courrèges intègre l'atelier Balenciaga en 1950 comme assistant. Les années cinquante voient Balenciaga ne se donner qu'à son œuvre, sa mode. Ce sera sans doute la décennie la plus importante de sa carrière, chaque collection voit fleurir une nouvelle pièce « maître ». Il passe du temps à recréer sa silhouette, à la parfaire. Chaque nouveau défilé est un réajustement du précédent, les coupes et les volumes sont affinés ; la presse de mode approuve. Ses créations de cette époque font appel aux manches melon, aux jupes ballon et à des tissus volumineux et lourds. L'année d'après, Balenciaga revient à des lignes plus fluides, avec des tailleurs semi-ajustés, cintrés devant et vagues derrière ; cette ligne sera appelée par Carmel Snow du Harper's Bazaar la « semi fitted look ». Il présente en 1955 la tunique, robe étroite deux pièces aux lignes droites et épurées.Il compte dans sa clientèle beaucoup de personnalités, notamment les actrices comme Marlène Dietrich, Ginger Rogers, Alice Cocéa, ou Carole Lombard, mais ne participe à aucun essayage excepté ceux de quelques amies privilégiées.

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Cristóbal Balenciaga

En 1958, Balenciaga fait un voyage aux États-Unis et veut constater par lui-même son succès outre-Atlantique, tant la presse américaine parle de lui et les riches Américaines sont de fidèles clientes. Là-bas il découvre les usines de fabrication de prêt-à-porter et se rend compte que sa mode ne pourra jamais adhérer à ce mode de fabrication à grande échelle où tout est confectionné sur des machines. Il appartient au monde de la haute couture et de l'élégance et ne veut en aucun cas perdre ce qui lui donne tant de valeur. Très indépendant, il refuse également d'intégrer la Chambre syndicale de la haute couture pour continuer à créer sans devoir se plier à certaines contraintesn  et grâce à sa clientèle internationale extrêmement riche, il réussit à maintenir un chiffre d'affaires presque aussi important que les autres maisons de couture, avec un mode de fabrication beaucoup plus artisanal et un personnel moindre. Ses maisons espagnoles sont très importantes pour le bon fonctionnement de son entreprise, les matières et fournitures dont il use sont moins chères en Espagne.


En 1966, Le Yorkshire Post titre « La bombe Balenciaga ». Son style devient de plus en plus épuré mais est toujours autant acclamé par la presse internationale.
L'année 1968 est une année de bouleversement social en France. C'est également le cas pour Balenciaga qui ne se retrouve plus dans les nouveaux codes et mœurs prônés par la société française, selon lui le luxe, l'élégance et la couture n'ont plus leur place dans ce nouveau monde. Les « années Courrèges » et de la mini-jupe, le prêt-à-portern  auront eu raison de sa créativité et il présente sa dernière collection haute couture. Il prend donc la décision de fermer toutes ses maisons de couture après trente ans d'activités parisiennes, ce qui plonge le monde de la mode dans un grand désarroi ainsi que les centaines d'employés qui travaillaient pour lui jusqu'alors. Dans la seule interview qu'il donna de toute sa carrière, en 1971 au journal The Times, il déclara « C'était une vie de chien. »


« Le Roi est mort » titre la bible de la mode en mars 1972 sans qu'il soit utile de préciser son nom. « Le couturier des couturiers », le plus grand d'entre eux vient de mourir et reste dans la mode comme étant le plus respecté, vénéré et admiré.  »


Prudence Glyn, journaliste au Times, à qui le couturier donnera l'unique interview de sa vie, précise que ces années-là, « Dior est devenu un mot familier grâce à l'influence du New Look mais pour les puristes il y avait qu'une seule direction dans laquelle il fallait regarder, Cristóbal Balenciaga. » Gabrielle Chanel, que Balenciaga « admire » et à qui il donnera son amitié jusqu'à sa mort en 1971, le cite comme le seul couturier existant, considérant tous les autres comme de simples « dessinateurs de mode ». « La haute couture est un grand orchestre que seul Balenciaga sait diriger, tous les autres créateurs que nous sommes suivons simplement ses indications » dit Christian Dior.

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Pour beaucoup il reste une énigme : Balenciaga n'a pas de date symbolique comme peut l'avoir Dior, ou un style particulier comme celui de Chane. Il n'est pas un phénomène culturel comme l'est Yves Saint Laurent plus tard. Refusant les interview à cause de « l'impossibilité absolue qu'il a d'expliquer son métier », rarement vu en public, sa vie privée est inconnue, ainsi que ses relations; il fuit la presse, la publicité, n'est d'aucune corporation, même pas inscrit à la Chambre syndicale. Ses défilés — silencieux — sont réservés à quelques privilégiés triés sur le volet. Certains journalistes, exaspérés, vont jusqu'à spéculer de son existence. « Le maître » refuse la mode pour ce qu'elle est, préférant le travail de coupe et le dessin de la silhouette.


Ce mystère qui l'entoure ne l'empêche pas d'obtenir des parutions dans les plus grands magazines mondiaux, grâce, entre autres, au soutien clairement affiché des très influentes journalistes Diana Vreelandn et surtout Carmel Snow qui le désigne comme « le nec plus ultra de la mode ». Dès 1948, après avoir assisté à la collection du couturier, cette dernière décide de ne porter que du Balenciaga toute sa vie ; ce qu'elle fera : elle est retrouvée morte dans son lit en 1961, vêtue ainsi. Par la suite, c'est le puissant John Fairchild (en) du WWD qui parachève la réputation de Balenciaga. L'air hautain de Lisa Fonssagrives ou Dovima saisi par Henry Clarke, Louise Dahl-Wolfe, Georges Dambier, Richard Avedon ou Irving Penn puis affiché en couverture de Vogue ou d'Harper's Bazaar, perpétue à diffuser l’élégance Balenciaga.


Pourtant loin d'être austère, il maintient une ambiance monacale dans sa maison et ses ateliers où le silence règne. En 1991 dans Vogue, Hubert de Givenchy, qui est largement soutenu par son mentor Balenciaga à ses débuts, décrit le couturier espagnol comme un homme « gracieux, élégant, pieux, simple, talentueux », disant par la suite que « Balenciaga était ma religion. Depuis que je suis croyant, pour moi, il y a Balenciaga et le Seigneur. » La métaphore, pour le couturier espagnol si proche de l'Église catholique et dont les références au costume religieux sont fréquentes, est souvent utilisée à différents niveaux : Le « moine de la couture » ou « l'évêque de la modernité » tel qu'on le nomme parfois, « serait — et de loin — le pape de la couture moderne. Un homme au dessus de tout soupçon, inattaquable et jamais égalé. Le deus ex machina de la machine à coudre que ni Chanel, ni Vionnet, ni Dior n'oseront jamais critiquer. […] si Dior a pris le pouvoir, le nouveau temple de la mode a désormais une nouvelle adresse, le 10, avenue George-V. » Balenciaga « continue de régner sur les esprits comme sur les ateliers de haute couture » ; la « légende de la mode » est, depuis ses débuts et encore de nos jours, totalement intouchable.

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Rédigé par rafael

Publié dans #MODE, #ART MODERNE

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